Croissance, on oublie tout ?
La croissance Souvent le terme de « croissance » est avancé lorsqu’il s’agit d’apporter des solutions aux problème de la société. Un peu comme une solution magique qui réunit la Droite et la Gauche mais, qui oublie trop souvent les aspects sociaux. L’élévation de son indicateur, le produit intérieur brut, ne fait pas reculer la pauvreté, […]
La croissance
Souvent le terme de « croissance » est avancé lorsqu’il s’agit d’apporter des solutions aux problème de la société. Un peu comme une solution magique qui réunit la Droite et la Gauche mais, qui oublie trop souvent les aspects sociaux. L’élévation de son indicateur, le produit intérieur brut, ne fait pas reculer la pauvreté, les inégalités et les besoins écologiques.
Quelles sont les moteurs de la croissance en France ?
La consommation est le facteur essentiel de la croissance française. Avec elle, l’investissement, dans la mesure où il rend le travail plus productif par les améliorations qu’il permet d’apporter : techniques, formations, innovations… Mais attention, l’accumulation d’investissements sans progrès technique, recherche ou formation ne garantissent pas une forte croissance. C’est ce qu’on appelle la « loi des rendements décroissants ».
Ça suit toujours ou on vous a déjà perdu ?
Allez un petit chaton avant de poursuivre pour vous détendre parce que ce qui suit est important.
Comment mesure-t-on la croissance ?
La croissance est mesurée par la variation de la production intérieure brute d’une année à l’autre. Or, les progrès du bien-être / développement humain semblent de moins en moins corrélés à une croissance économique, consommatrice d’énergies et de ressources non renouvelables. Surtout si l’on considère le long terme c’est à dire les besoins futurs.
OK, alors comment mieux mesurer la croissance ?
L’économiste américain Joseph Stiglitz a proposé dès 2008 d’autres indicateurs de progrès intégrant par exemple l’équilibre vie professionnelle et vie privée. Nous vous en parlions dans cette newsletter SPAK sur le Bonheur Intérieur Brut
La croissance détruit-elle l’environnement ?
Sur le sujet il y a débat. Selon les travaux de l’économiste Simon Kuznets, la croissance économique cause des dégâts écologiques au début pour engendrer ensuite les conditions d’un progrès environnemental continu.
Mais, cette vision est TRES contestée.
En effet, faut-il attendre d’avoir bien pollué pour ensuite corriger le tir ?… N’a-t-on pas déjà largement dépassé les limites ?
Les différents rapports sur l’urgence climatique et notamment celui du GIEC incitent plutôt à prendre des mesures sans attendre et à accompagner la transition énergétique. A ce sujet nous vous invitons à relire notre papier sur la finance durable et la théorie du donut de Kate Raworth qui repense l’économie pour parvenir à répondre aux besoins humains de base et à la préservation de l’environnement.
Pourquoi certains pays se développent-ils et d’autres pas ?
En général, les économistes évoquent parmi les facteurs explicatifs : la géographie (ressources naturelles notamment), la taille des marchés nationaux, le degré d’ouverture des économies ainsi que les institutions.
Ce décalage de richesse est source d’inégalités et de pauvreté.
A ce sujet, le rapport sur les inégalités mondiales en 2022 publié par Lucas Chancel, Thomas Piketty, Emmanuel Saez et Gabriel Zucman fournit de très nombreux documents pour étudier les inégalités de richesse dans le monde et au sein des pays. L’objectif : étudier la pauvreté mais également la richesse et la très grande richesse qui capte une part croissante des revenus et du patrimoine global.
Extraits :
« Une manière d’interpréter ces inégalités consiste à s’intéresser à l’écart entre le patrimoine net du secteur public et celui du secteur privé. Ces quarante dernières années, les pays se sont nettement enrichis, mais les État nettement appauvris. La part de patrimoine détenue par des acteurs publics est proche de zéro ou négative dans les pays riches, ce qui signifie que la totalité de la richesse se trouve aux mains du privé. Cette tendance a été amplifiée par la crise de la covid, qui a vu les États emprunter l’équivalent de 10 à 20 % du PIB, essentiellement au secteur privé. Leur pauvreté actuelle hypothèque gravement leur capacité à combattre les inégalités à l’avenir, de même qu’à relever les grands défis du XXIe siècle, tels que le changement climatique. »
« Ces dernières décennies, les multimillionnaires ont accaparé une part disproportionnée de la richesse mondiale, puisque les 1 % les plus riches ont capté 38 % de tout le patrimoine supplémentaire accumulé depuis le milieu des années 1990, alors que les 50 % les plus pauvres n’en ont capté que 2 %. « Cette tendance s’est accélérée pendant l’épidémie de covid. De fait, l’année 2020-2021 a vu la plus forte augmentation enregistrée de la part de richesse aux mains des milliardaires »
Et ce n’est pas tout : sur le même sujet, le rapport sur les inégalites d’Oxfam paru le 17 janvier 2022 indique que les 5 premières fortunes de France ont doublé leur richesse depuis le début de la pandémie. Explications détaillées dans l’emission de Salomé Saqué pour Blast.
Les marchés
Décroissance ?
Après une année exceptionnelle pour les marchés actions, les investisseurs semblent un peu plus fébriles en ce début d’année.
La raison ? Les incertitudes liées à l’inflation et le resserrement monétaire envisagé par les grandes banques centrales, qui poussent les rendements des emprunts d’Etat à la hausse. Elles ont incité les investisseurs a plus de prudence ces derniers jours.
Alors que l’inflation annuelle a atteint des niveaux inédits depuis 1982 outre-Atlantique (+7%), la future vice-présidente de la Federal Reserve, Lael Brainard, a annoncé devant le Sénat que l’institution avait projeté plusieurs hausses de taux dans le courant de l’année, possiblement dès la réunion de la mi-mars.
Quant au pétrole, le cours du baril WTI a vivement progressé à près de 82 USD (+5% sur 1 semaine). En cause les difficultés d’exploitation rencontrées par plusieurs grands pays producteurs.
Cryptos corner
KOSOVO
Avec ses prix bas de l’énergie, le Kosovo est devenu, ces dernières années, une place de choix pour le minage de cryptomonnaies. Opération, on le rappelle, très énergivore.
Toutefois, face aux pannes de centrales électriques au charbon et au prix élevé des importations d’énergie – 40% de l’électricité consommée en cette période sont importés -, le gouvernement a été contraint, le mois dernier, de procéder à des coupures d’électricité. Il a du prendre, cette semaine, des mesures d’urgence dont l’interdiction de miner des cryptoactifs afin de « remédier à toute pénurie soudaine ou à long terme de capacité de production, de transport ou de distribution d’énergie afin de surmonter la crise énergétique ».
Un pays de plus ! Pour rappel, la Chine a déjà banni définitivement le minage de cryptomonnaies en juin dernier. En mai 2021, l’Iran avait également décidé d’interdire ces activités pour quatre mois après des coupures de courant à répétition à Téhéran et dans plusieurs grandes villes du pays pour cause de surcharge du réseau électrique. Des pays européens, comme la Suède, se sont également opposés au minage de cryptomonnaies en raison de la quantité d’énergie que cette activité consomme.
En guise d’illustration : le bitcoin a consommé plus de 134 TWh en 2021 ce qui équivaut à la consommation d’électricité de l’Argentine. A lire ici
Allez, on relativise !
Les experts de CoinShares, cabinet spécialisé dans les cryptomonnaies invitent à raison garder : « attaquer une industrie créatrice de valeur sur sa seule consommation d’électricité, achetée librement sur un marché ouvert par des utilisateurs consentants, est pour le moins absurde ». 75 % du minage Bitcoin utilise des énergies renouvelables. Cela fait du minage Bitcoin une industrie plus verte que quasiment toutes les autres industries à grande échelle dans le monde. A lire ici
C’était mieux avant ?
Pas sûr. Comme souvent, les innovations ont leur détracteurs et le contexte écologique favorise ces questionnements. A l’époque de la création du web il y avait aussi des inquiétudes… Pour un saut dans le passé cliquez sur cette image :
La Dame de l’Eco
Anne Laure Delatte
Anne-Laure Delatte est économiste, chercheuse au CNRS, membre du laboratoire LEDa de l’université Paris-Dauphine, spécialiste de la finance, des paradis fiscaux et de la zone euro. Elle aussi contribue à donner accès aux questions économiques via un podcast « shot d’eco » disponible sur le site de Dauphine.
Elle propose pour une croissance plus vertueuse de regarder du côté de William Nordhaus (prix Nobel d’économie 2018) qui dit que pour changer les comportements et pour adopter un régime de croissance qui n’a pas d’effet sur la planète, il faut mettre en place une taxe carbone dans tous les pays simultanément pour taxer plus les activités consommatrices et productrices de carbone.
Citation :
« Il faut absolument mettre en place un régime de croissance qui ait une distribution sur les différentes tranches de revenus qui soit égalitaire, parce que sinon il est insoutenable politiquement. Il y a plein de travaux qui ont montré que la montée des extrêmes, la montée du fascisme, la montée du populisme est extrêmement liée à l’augmentation des inégalités et au sentiment d’injustice sociale. » en savoir plus
Spakulture
Molière, inventeur de la startup nation ?
Titre provocateur pour évoquer un livre surprenant qui sort à l’occasion des 400 ans de Molière et décrit l’auteur comme un entrepreneur, publicitaire et roi de l’évènementiel. L’Atlas Molière par Clara Dealberto, Jules Grandin et Christophe Schuwey, de grands malades qui ont créé des infographies et des graphiques pour raconter l’histoire de cet illustre artiste.
Allez un dernier pour la route :
Et n’oubliez pas :
On vous flatte parce qu’on vous aime et on espère bien que c’est réciproque… Alors partagez cette newsletter pour favoriser une meilleure éducation économique et financière !