Les banques dans la tourmente… ou pas ?

Après la faillite de la Silicon Valley Bank (SVB), le sauvetage de Crédit suisse par UBS, le tumulte boursier sur le secteur bancaire et les mesures d’urgence pour éviter la contagion, l’heure des explications a sonné.

Alors faut-il paniquer ? On va commencer par la fin : NON ! Et on vous dit pourquoi.

Chez Spak, on aime mettre les actualités financières au clair.

Comment en est-on arrivé là ?

Une même origine : l’industrie digitale

Si les 3 acteurs emblématiques des succès et des excès de la révolution numérique (Silvergate Bank, Silicon Valley Bank, Signature Bank) ont été ébranlés, les difficultés de la Silicon Valley Bank (SVB) sont beaucoup plus inquiétantes.

 

Elle était l’interface financière de la plupart des acteurs de l’industrie digitale. En plus d’avoir une grande notoriété, elle se positionnait au 16ème rang des banques américaines en termes de volume d’actifs.

 

Or, depuis quelques mois, des signes de fébrilité sont apparus dans l’industrie du digitale avec beaucoup de signaux d’alerte :

Hésitations stratégiques d’Elon Musk (l’un des gourous de cette industrie) ; levées de fonds difficiles après les années euphoriques ; vagues de licenciements mal expliquées ; crise de confiance dans les cryptos et SURTOUT : la remontée des taux d’intérêt qui fait chuter les valorisations et a empêché les entreprises de la Tech d’emprunter comme avant.

 

Conséquence : retrait des dépôts

Pour continuer de fonctionner, les entreprises ont eu de plus en plus besoin de retirer les dépôts qu’elles avaient en banque… et SVB a dû faire face à des retraits massifs auxquels elle n’a pas pu répondre même en bradant des obligations de qualité.

 

En fait, elle était insuffisamment protégée contre les risques de hausse de taux (swaps) ! Le patron de la SVB pensait que la Fed allait rapidement baisser ses taux… Si c’est vrai, cela témoigne d’une grande naïveté et d’une mauvaise gestion du risque.

 

Le Trésor américain à la rescousse

Pour éviter la panique bancaire qui aurait eu des effets catastrophiques sur l’ensemble du système bancaire, le Trésor américain a élargi la garantie à la totalité des dépôts bancaires, ce qui va plus loin que la loi fédérale qui garantit d’ordinaire uniquement les dépôts jusqu’à 250 000 USD.

 

 

Alors, rien de nouveau ?

Non, SVB n’est pas une crise bancaire d’un nouveau type.

La seule nouveauté réside dans le fait que les dépôts proviennent d’acteurs de la Silicon Valley et de la Tech et étaient importants, d’où la réaction vive des autorités.

 

Ok mais le Crédit Suisse !?

Le Crédit Suisse c’est une autre affaire et ses problèmes ne sont pas nouveaux non plus. Il s’agit d’une lente « descente aux enfers ». C’est une sorte de « bank run» au ralenti depuis plusieurs années. Le Crédit Suisse était en crise depuis près de 15 ans, en particulier depuis 3 ans et encore plus depuis 6 mois.

 

 

2008 – Subprimes = situation comparable ?

 

La crise bancaire aux Etats-Unis est différente de celle qui avait ébranlé la planète en 2008. Aujourd’hui, nous n’assistons pas à une contagion en termes de solvabilité et de liquidité mais une contagion SECTORIELLE.

 

A l’époque, le système financier était envahi de crédits « subprime » (crédits immobiliers mal garantis). La faillite de Lehman avait provoqué une déflagration mondiale parce que ces « subprimes » avaient été revendus (via la titrisation) à des banques qui les offraient comme placements rentables à leurs clients.

 

La plupart des banques occidentales et asiatiques avaient à l’époque « mis les doigts dans la confiture » des subprimes.

 

 

Reconnaissons que tous ces évènements sont anxiogènes et ne rassurent personne

 

Aujourd’hui, tout va très vite, trop vite ?

Dans le cas des banques de Californie, ce sont les clients qui se retrouvent en crise de confiance. Or, le problème aujourd’hui est que les mouvements de panique bancaire vont très vite car ils passent par les réseaux sociaux et la vitesse de la faillite de SVB est inédite.

 

C’est le premier « swipe crash » de l’histoire. Viralité des réseaux sociaux oblige, la divulgation des mauvais résultats de la SVB s’est répandue comme une traînée de poudre sur Twitter et des outils collaboratifs comme Slack, entraînant une multiplication des appels à retirer les fonds.

 

Le mouvement s’est accéléré quand Peter Thiel (investisseur star de la Silicon Valley qui a fait fortune avec PayPal), a lui-même recommandé à ses clients de quitter la SVB le plus vite possible.

 

 

Et personne ne l’a vu venir !?

 

2 réponses (en bref c’est : bien sûr que si ! si vous ne voulez pas lire ce qui suit) :

1 – D’une part, cela fait des mois que les experts s’attendaient à un accident du fait de la politique de hausse des taux menée par la Federal Reserve. Ces faillites bancaires sont le retour de bâton des politiques de taux des banques centrales. La SVB était le maillon le plus fragile qui a explosé mais il n’y a pas que la SVB qui va être impactée par la hausse rapide des taux.

2 – D’autre part, en 2010, les Etats-Unis se sont dotés de la loi Dodd-Frank de réforme du marché financier. C’est la leçon réglementaire que les Américains ont tiré de la crise des subprime et de la faillite de Lehman Brothers.

Donald Trump a remis en cause, dans une certaine mesure, des aspects importants de cette réforme, dans le sens d’une moindre réglementation. Cela a baissé la garde d’un point de vue préventif.

 

 

Tout ceci s’est passé sur un terreau très favorable : politiques monétaires accommodantes, montée des marchés et phénomène de bulles. Une « petite allumette » comme SVB a suffi à mettre le feu aux poudres d’une finance inflammable, menacée par différents facteurs. On se demandait ce qui allait provoquer une correction (retour à une situation plus normale) on sait.

 

 

 

OK pour les US mais chez nous alors ?

 

Contrairement aux US, en Europe, les ratios de Bâle III sont appliqués scrupuleusement. Cela empêche les écarts de trop grande ampleur entre l’actif et le passif d’une banque.

 

Mais, à travers le phénomène de globalisation financière et l’interconnexion des marchés d’actions, elles se retrouvent dans le même bateau et il y a des risques de contagion.

 

Rassurez-vous : la situation des banques françaises est plutôt rassurante quand on regarde les fonds propres en 2022-2023. Comme dirait notre nouvelle meilleure amie américaine Emily : “VIVE LE FRANCE“ (ceux qui n’ont pas la référence (really?) y verront plus clair dans la prochaine news)

Les marchés

Nuire à l’activité économique ou s’accommoder d’une inflation plus forte ?

Alors que des dommages économiques et des vulnérabilités financières se font jour, c’est LE dilemme auquel les banques centrales sont confrontées.

Choix cornélien entre croissance et inflation, elles ont choisi de séparer clairement les objectifs et les outils de stabilité financière et de stabilité des prix : la Federal Reserve, la Banque Centrale Européenne, la Banque d’Angleterre et la Banque Nationale Suisse ont ainsi continué de relever leurs taux pendant les turbulences liées à la crise bancaire actuelle.

 

Dans ce contexte, l’attractivité du dollar recule, sapée par : la modification brutale des projections des cambistes (spécialistes des échanges monétaires) en matière de politique monétaire américaine et, une chute des taux de rendement obligataires.

Cryptos Corner

TROP TOT POUR LE FOMO ?

 

Après la perte de confiance des investisseurs dans le stablecoin TerraUSD, la faillite de la plateforme de prêt et d’épargne en cryptos Celcius et l’effondrement de la bourse d’échanges FTX, le rebond soudain des cryptos à la suite des récents déboires des banques « crypto-friendly » ne doit pas nous inciter à basculer dans la peur de rater (« Fear Of Missing Out » – FOMO ) un nouveau rally haussier (hausse des cours).

 

Il semble encore trop tôt pour considérer que le mouvement soit durable, de nouvelles annonces sur l’inflation pouvant redonner un coup à la baisse. Il est encore moins annonciateur d’une envolée telle que nous en avons connu en 2021 ou en 2017. Les cycles sont habituellement de 3-4 an. Donc, pour nos lecteurs aussi investisseurs cryptos : gardez à l’esprit que les performances passées ne présagent pas des performances futures et diversifiez vos placements !

 

Dame de l'Eco

Présidentes de banques françaises : Où sont les femmes (merci Patrick*) ?

On a bien cherché… aucune femme n’est actuellement présidente d’une banque en France. On peut trouver quelques DG ou présidentes de filiales mais elles se comptent sur les doigts d’une main.

 

 

SPAKulture

Crise du secteur bancaire, toujours rien compris ?

Décryptage en video par Michel Ruimy lors de notre rendez-vous mensuel EDUCFI sur BSMART

→ A revoir juste ici 

 

 

 

Frenchtouch

Tu ne connais pas *Patrick ? Patrick Juvet bien sûr !

Mégastar de l’ère disco, auteur de ce tube visionnaire : « Où sont les femmes ? » et pour info aussi à l’origine des paroles de “Le lundi au soleil” de Cloclo et découvreur de talents : Daniel Balavoine… Rien que ça ! Ok (boomer) ils sont tous morts mais ça valait bien un hommage.

 

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