Réforme des retraites, t’as rien compris ?

Réforme des retraites ? Tu n’y comprends rien, on fait le point.

Et là on vous entend déjà dire dans un râle de désespoir  : “Oh non pas encore, arrêtez de nous bassiner avec ça, de toute façon c’est couru d’avance, on va devoir travailler toute notre vie !”… Mais Chez Spak, on est un peu têtu et, comme les idées reçues ont la dent dure, on veut être certain que vous ayez tout compris. Ça tombe bien le sujet est dense et mérite un petit défrichage. Allez promis, ce ne sera pas long (enfin si un peu mais c’est pour la bonne cause)

Retraites

La réforme des retraites, pourquoi c’est compliqué ?

Crise sanitaire, guerre en Ukraine, inflation qui s’envole…Voilà maintenant trois ans que les bouleversements s’enchaînent et mettent le moral des français, tout comme leur porte-monnaie d’ailleurs, à rude épreuve.

 

Certes, historiquement, les projets de réformes ont toujours apporté leur lot de crispations et de mécontentements. Mais, vous l’aurez compris, celle-ci arrive dans un climat social particulièrement tendu et cristallise donc les frustrations, les inquiétudes sur l’avenir, voire un sentiment d’injustice. Surtout pour ceux qui exercent des métiers pénibles et usants physiquement.

 

Principal fautif : l’actuel projet de réforme prévoyant de reporter de deux ans l’âge du départ à la retraite. Selon le gouvernement, ”à raison de 3 mois par année de naissance, il sera ainsi fixé à 63 ans et 3 mois en 2027 à la fin du quinquennat, puis atteindra la cible de 64 ans en 2030”. Et non plus 62 ans comme avant.

 

Il faudra même attendre jusqu’à 67 ans …

 

Combien ???? oui, oui vous avez bien lu 67 ans, pour avoir la garantie de percevoir sa retraite à taux plein, c’est-à-dire dans sa totalité, si l’on a pas validé ses 172 trimestres requis avant. Et comme un beau graph vaut parfois mieux que de longs discours, en voici un qui résume assez bien ce que prévoit le projet de loi :

Sources : Le Monde, Gouvernement

Et si j’ai commencé à travailler comme apprenti à 16 ans ? “ Ah, on la voyait venir celle-là.

La réponse en image :

 

Dispositifs proposés par le Gouvernement pour les carrières dites “longues”

Source : Les Échos

 

Réforme des retraites, comment en est-on arrivé là ?

 

 

Un petit saut dans le temps s’impose : c’est Colbert, l’ancien ministre des finances de Louis XIV qui a instauré l’ancêtre de notre régime social en créant à l’époque une Caisse d’Invalidité destinée aux marins militaires. Puis, au fil de l’eau, l’idée a fait son chemin et le principe de solidarité intergénérationnelle s’est progressivement installé.

 

D’abord en Allemagne, qui donne naissance au premier système par répartition à la fin du 19ème siècle. Puis c’est au tour de la France, après la Seconde Guerre mondiale, de mettre en place le mécanisme des retraites tel qu’il existe aujourd’hui. Il consiste à prélever des cotisations sur la richesse produite par les actifs pour permettre le financement des retraites de ceux qui ne travaillent plus.

 

En 2021, les cotisations sociales des salariés et des employeurs dans le privé comme dans le public, couvraient près de 80% des dépenses, suivies par les impôts et taxes, dont la CSG à hauteur de 12%.

 

Et après, où va l’argent collecté ? Il est réparti entre les 42 caisses de retraites que compte la France. Ce sont elles qui ont ensuite la lourde responsabilité de payer vos retraites en temps et en heure. Les pensions versées se divisent en deux couches. La première, celle du régime de base, qui permet de percevoir un revenu à partir du moment où l’on a cotisé suffisamment pour toucher le fameux taux plein. Il correspond à 50% du revenu moyen brut sur les 25 meilleures années pour le secteur privé et à 75% de la moyenne sur les 6 derniers mois pour la fonction publique.

 

A cela s’ajoute ensuite une deuxième rente : la retraite complémentaire obligatoire qui s’applique en fonction de votre métier et donc d’une caisse spécifique.

 

L’Agirc-Arco pour les cadres et non cadres, la Cipav pour les libéraux, la RCI pour les artisans ou encore celle de la Fonction Publique. Cette rente est liée au régime spécifique de la caisse dont on dépend et d’un nombre de points cumulés au cours de votre vie active.

 

 

Bonne nouvelle ! Si vous lisez ces lignes c’est que l’on ne vous a pas encore perdu.

 

Revenons à nos moutons donc. La pérennité du régime par répartition tient à son équilibre comptable. Or, aujourd’hui, deux réalités s’opposent. Avec d’un côté une population vieillissante qui compte beaucoup de baby-boomers (nés entre 1945 et 1960) à la retraite ou sur le point de l’être. Et de l’autre de nouvelles générations qui font moins d’enfants que les précédentes. Pour les tableaux vous pouvez relire notre précédente newsletter sur le sujet des retraites.

 

Résultat des courses : selon les données du Conseil d’Orientation des Retraites, le COR, et de la Drees, on ne comptait plus que 1,7 actif cotisant pour 1 retraité en 2020 contre 2,1 début 2000 sachant que ce chiffre pourrait descendre jusqu’à 1,2 à l’horizon ….2070. Ok, ça paraît loin, très loin…. En plus, les précédentes réformes auront pour effet de contrebalancer cette évolution démographique à moyen terme.

 

Ah bon il y en a eu d’autres ? Oui celle de 1993 avec le passage de 37,5 à 40 ans de cotisation, celle de 2010 qui avait déjà reporté l’âge légal de départ de 60 à 62 ans), et, la dernière en date, celle en 2013 qui a allongé de 40 à 43 ans de cotisations pour obtenir une retraite à taux plein.

 

Mais pour le Gouvernement, le compte n’y est pas. Car toujours d’après le COR, si le système de retraite devrait enregistrer un excédent en 2022, dans la continuité de l’année 2021 (+ 900 millions d’euros), c’est après que ça se gâte.

 

Pour les années suivantes, les projections de l’organisme portent sur un “léger” déficit qui serait compris entre 0,5 et 0,8 point de produit intérieur brut (PIB) en moyenne d’ici 2050. Pas de quoi affoler le président du COR. Mais pour Emmanuel Macron et ses ministres c’est déjà trop. Et les moyens dont ils disposent pour réduire l’addition sont limités.

 

Réduire le montant des pensions ? Pas question, on a dit qu’on arrêtait de toucher au porte-monnaie. D’autant que la majorité des retraités perdent au moins 25% à 30% de revenus par rapport à leur vie d’avant.

 

Augmenter les cotisations ? Encore moins. La France est déjà le 2ème pays de l’OCDE où les cotisations sociales sont les plus élevées (derrière l’Italie : 33%). Sans compter les conséquences néfastes que cela peut provoquer sur les équilibres économiques.

 

Restent deux leviers : améliorer l’emploi, notamment chez les seniors grâce à des mesures incitatives comme l’index senior, et donc le nombre de cotisants. Le second, on le connaît : reculer l’âge de la retraite pour, à la fois, diminuer le nombre de retraités et augmenter le nombre d’actifs. Mais on ne pourra pas, ad vitam aeternam, reculer l’âge de départ. Se donner une limite raisonnable relèverait d’un choix sociétal et politique.

 

En attendant, et pour s’éviter des crises récurrentes, l’OCDE prône l’instauration de mécanismes d’ajustements automatiques (MAA) qui nécessitent un large consensus politique pour éviter une remise en cause au moindre changement de majorité. C’est ce que la Suède a fait dans les années 1990 (consensus solide de 30 ans !).

 

 

Et les jeunes dans tout ça, ils en pensent quoi ?

 

Pour eux, l’avenir du système par répartition semble clairement menacé. Pragmatiques, ils ont bien compris que l’enjeu était surtout politique et paraissent ne vouloir compter que sur eux-mêmes ou du moins sur leur capacité à mettre de l’argent de côté.

 

Selon une enquête réalisée par l’Ifop pour le Cercle de l’épargne, Amphitéa et le Centre d’études et de connaissances sur l’opinion publique, 65 % des 18-24 ans jugeaient déjà nécessaire de se constituer leur propre pécule en vue de leur retraite quand le projet est arrivé sur la table en février 2020.

 

Notamment au travers du plan d’épargne-retraite. C’est ce qu’on appelle la retraite supplémentaire, mais on en parlera une prochaine fois ça fait déjà beaucoup là…

Dame de l'Eco

Les femmes

Le cumul de l’allongement de la durée de cotisation et du décalage de l’âge de départ pénalise, en particulier, les femmes. Si elles bénéficient de 8 trimestres supplémentaires par enfant (4 trimestres au titre de la maternité et 4 au titre de l’éducation), nombre d’entre elles peuvent partir à taux plein à 62 ans.

 

Elles devront désormais travailler davantage. L’âge effectif de départ devrait augmenter de 6 mois, en moyenne, pour atteindre 64,4 ans pour la génération 1972.

Les marchés

 

La période a été rythmée par une série de résultats d’entreprises, meilleurs qu’anticipés, le CAC bat des records (+7 400 Points).

 

Aujourd’hui c’est le boss de la banque centrale américaine Jérôme Powell qui va donner le LA pour la suite. Le processus de désinflation (inflation voir ici), amorcé il y a quelques mois est plus chaotique qu’initialement considéré. Elle pourrait pousser la banque centrale à davantage de hausses de taux qu’envisagé. Une hausse de 50 points de base pourrait à nouveau être entrevue…

 

Verdict aujourd’hui.

 

Cryptos Corner

Cryptos, le bilan calmement ou pas…

Après une année 2021 exceptionnelle, le marché des cryptos a connu une chute vertigineuse en 2022 (perte d’environ 2/3 de sa valeur). Ce ne fut pas un crash soudain mais une lente baisse durant laquelle il a été difficile, pour les fermes de minage, de « tenir la barre ».

Leur erreur a été d’imaginer que l’industrie était entrée dans un « super cycle » qui allait prolonger la période de prospérité. Dans cette optique, grâce à de fortes marges, les entreprises se sont alors lourdement endettées à des haut taux d’intérêt pour financer leur expansion. Mais, beaucoup d’investisseurs ont été pris au dépourvu quand la bise fut venue (vous l’avez ? lorsque le marché s’est effondré) : baisse du prix du Bitcoin, flambée du coût de l’énergie… Difficile maintenant de couvrir les coûts de remboursement.

What’s next ? Le halving.

SPAKulture

RDV Education Financière SPAK sur B SMART

Pas envie ou pas eu le temps de tout lire ? Michel est là pour vous ! La réforme des retraites expliquée en vidéo par Michel Ruimy lors de notre rendez-vous mensuel EDUCFI sur BSMART

→ A revoir juste ici 

 


Un fauteuil pour deux (Trading places), John Landis. 1983

 

Attention gros classique ciné sur l’univers des traders !

Le pitch : manipulé par ses patrons dans le cadre d’un pari, un riche trader est licencié par son employeur et remplacé par un vendeur de rue. Les rôles vont donc s’inverser et chacun va découvrir les atouts et les inconvénients de la vie de l’autre. Schéma scénaristique classique pour cette comédie qui a certes un peu vieilli (83) mais dont les thèmes eux restent complètement d’actu : l’argent, la soif de réussir, le racisme, la place des femmes…

 

 

On remercie Mark Ruskin, ancien agent du FBI interviewé par Mathilde Serrell dans la matinale de France Inter pour la sortie de son livre Le Caméléon, pour ce tips ciné.

 

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